Tout s'explique... Le stagiaire raconté
Chère Lily,
Ça y est, je commence un peu à comprendre pourquoi tous les stagiaires qui arrivent dans ma boite sont au choix : des gros mous / des imbéciles profonds / des très chevelus de la main / tout ça en même temps.
J’ai eu l’occasion de lire ce matin le rapport de présentation du stage du nouveau stagiaire de BEP d’accompagnement (celui qui va remplacer Barnabé… J’espérais qu’il aurait au moins une belle gueule pour rattraper le reste… encore raté). J’ai osé espérer qu’il en avait au moins un peu plus dans le neurone… j’ai vite déchanté. Parce que non seulement on ne lui a probablement jamais appris à écrire (ni d’ailleurs à parler le français), mais pour lui un rapport de stage se résume en gros à ça :
« Déroulement de ma journée (je t’épargne les fautes d’orthographe et je te fais la traduction en français hein) :
J’arrive à 9h (ptin il en a de la chance… moi on me fait attaquer à 7h. Faut que je me trouve un avocat). Je me change à mon vestiaire (primordiale, l’étape du vestiaire. C’est là que tout accompagnateur qui se respecte se fait sa première branlette de la journée, celle qui le mettra en forme jusqu’au soir (c’t’une blague, en fait c’est juste pour le mot clé)), puis je me rends à la Chambre (ouais c’est le nom de notre bureau), et on me dit ce que je dois faire pour la matinée (tu remarqueras qu’il attend bien qu’on lui dise, parce que sans ça, un stagiaire a pour politique de glander plutôt que de demander), et je fais ce qu’on m’a dit de faire (sans blague).
Je finis à midi et je reprends à 1h (primordial aussi, pour bien montrer qu’on le nourrit et qu’on ne fait pas que le laisser dormir l’exploiter), et on me dit ce que je dois faire l’après-midi (sous-entendu : ces enculés, ils me laissent même pas faire ma sieste digestive !), puis je finis à 17h (ça me console, moi je les nargue en partant deux heures plus tôt hin hin). »
Je viens donc de te présenter la partie la plus folichonne du dossier (tu te demandes probablement comment j’ai fait pour ne pas me terminer au prozac, mais c’est juste grâce au fait que le dit dossier tenait sur approximativement trois pages et demi et que je l’ai lu en diagonale très diagonalisée).
Tu te demandes aussi en quoi ceci peut l’enfoncer un peu plus dans sa mollitude (si si c’est possible). Ben figure-toi que pour avoir pondu cette merde (non, je n’exagère pas, c’était bien de la merde, mais avec une reliure) il a eu 14,5. Oui, sur 20.
Alors on peut donner l’excuse qu’il est en BEP et que le niveau est… bon, qu’il y a un certain niveau (ou plutôt un niveau incertain), mais quand même, ça me révolte qu’on puisse encourager des gamins à produire des bouses et à en être fiers. Tout ça par fainéantise des profs, probablement… Je me plains des miens qui sont un peu pas du tout équilibrés psychologiquement, mais eux au moins ont l’honnêteté de nous le dire quand on fait des trucs pourris, et surtout ils nous font l’honneur de supposer que notre cerveau est plus gros que celui d’une punaise.
Donc ouais, les stagiaires ça me soule, mais je les plains un peu quand même, parce que s’ils sont nuls c’est à cause de ceux qui sont censés leur apprendre des choses.
Suny, révoltée dégoûtée outrée, et contente de pas être en BEP.
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